Emerveillement
Je vous inviterais bien à …

Je vous inviterais bien à …

Si je pouvais, j’inviterais les récalcitrants aux herbes folles chaque soir dans une prairie oubliée des lames. De beauté, ils seront enfin prêts à accepter et ne pourront dire que c’est un laisser-aller des jardiniers.

C’est en soirée ou le matin à la rosée que le spectacle est d’un romantisme à faire sourire les plus apathiques.

La prairie fauchée, il me semble en avoir déjà parlé, se parsème de camaïeux de violine mais le mamelon qui a échappé aux griffes de la faucheuse est une merveille de vie, un spectacle qui au soleil couchant se révèle comme un soupir de sourires.

Cet îlot épargné est surtout tricoté de pailles, de centaurées asséchées, de scabieuses en deuil et de quelques érigerons du Canada ou annuels. Mais il y a des mailles, des motifs qui ne s’inventent pas. Je redécouvre chaque soir, je m’inonde d’un spectacle muet, à l’arrêt, fascinant. On ne se lasse pas d’une telle beauté.

Le soleil flirte avec la terre, les plantes sont de bronze ou d’or, des médailles en argent ornent le cou élancé de la végétation. Il n’y a pas de soirée de clôture, ni de vasque à démantibuler. On découvre des athlètes papillons donnant le la à une partition bien « ordrée » de graminées, ils jouent un air de marseillaise, un peu au garde à vous. On s’étonne des abeilles coucou qui de leur mandibule s’amusent à faire les équilibristes en prélude du cirque de la lune. On prend place à côté des halictes qui se regroupent sur des fleurs en deuil pour assister et célébrer cette belle nuit de médaillés. Ça brille …

Finalement, d’autres me montrent leur derrière pour me dire que je suis bien culottée de venir draper ces herbes de mes pieds alors que érigées elles sont bien plus appréciées qu’émiettées. Fout le camp me crie t’on … Aussitôt, j’arrête mon piétinement, je comprends que mon heure est de reprendre le chemin de la famille, le chemin vers d’autres âmes qui illuminent mon quotidien de partages humains.

Mais entre temps, je peux vous dire que
j’inviterai bien ce beau monde récalcitrant aux zones d’herbes folles pour admirer ce dortoir, ces étoiles perchées, ce fabuleux spectacle que le vivant nous offre sans publicité et sans propriété.

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