
Ascension automnale
Le jardin se cramponne, il use de mousquetons pour amorcer une ascension automnale.
Les vivaces reprennent des formes bien moutonnées, régulières mais les fleurs sont timides à l’image des insectes. Le jardin reprend délicatement des allures ordonnées, les tailles des fleurs fanées et herbes lignifiées tapissent le sol. Cette moquette est un labyrinthe d’araignées, cloportes, vers de terre et de quelques gastéropodes. Ces derniers sont plus discrets, les jeunes et tendres feuilles sont trop coriaces et ils préfèrent se regrouper autour des restes de repas parsemés dans les haies du contrebas.
La prairie, quant à elle, retrouve quelques couleurs. Elle joue dans les mauves, c’est elle qui affiche une plus grande diversité animée. Le voisin a horreur de ce fouillis. De sa haie, il vient de préférer un mur de moellons habillés d’un smoking d’aluminium. Son jardin est à l’image de sa barbe … au cordeau. Il n’aime pas le marron et préfère jeter par dessus bord les palmes de son unique « arbre ». Il envisage d’ailleurs une nouvelle activité l’apnée dès demain. Bientôt, il me criera de respirer son air. Il me collera un procès d’ennui pour animer son désert humain.
Pour ma part de ce désordre, de son désordre, je regarde par avance ces yeux effrayés en voyant une habitante mal-aimée apprécier ces feuilles solarisantes.
Le temps s’arrête, les papillons sont excités, les criquets des pop-corn, les araignées toujours aussi stoïques, les punaises indifférentes, les abeilles et les mouches préfèrent la paresse face à ce changement de saison. Moi, je commence à sentir un moral qui s’effeuille … pour amender un printemps heureux.











