Balade végétale
Il n’y avait pas un souffle de vent, quand …

Il n’y avait pas un souffle de vent, quand …

Il n’y avait pas un souffle de vent quand celui-ci d’un réveil en sursaut a pris d’assaut la forêt.

Il n’y a pas un jour où nous devrions rester enfermé. Il est vital, essentiel que nous nous inspirions du rythme du vivant. On ne peut parler du végétal en dévorant des livres, des conférences et autres savoirs animés. Il est nécessaire de le ressentir, de le découvrir dans son espace de vie.

Aujourd’hui c’est un temps où le plafond haut de gris nous plonge dans une atmosphère sombre. Il n’y a ni brume, ni neige, ni pluie, aucune mélodie du temps pour le moment. Une corneille nous ricane dessus, c’est presque angoissant, humiliant. Il nous faut entrer en forêt pour l’oublier et pour entendre de timides gazouillis ou des échauffourées de merles. La forêt est habitée … encore. Nous sommes rassurés.

Rien n’est beau aujourd’hui, la lumière absente, la nature semble terne presque en colère. Et pourtant, c’est ce silence, cette révérence pour un temps qui devrait nous fasciner. Les picrides se courbent au sol, les inflorescences de carotte se rassemblent unies cachant en son centre une araignée, une chenille, un escargot, rien peut-être.

Les feuilles sont de dentelles, de taches de vieillesse ou de rousseur, de cicatrices d’un opportuniste. Elles ne tiennent qu’à un fil ou parfois sont prisonnières de barbelés de branches. Elles sont les apparats déshabillés des arbres.
Feuilles et ailes s’allongent au sol, il est agréable de marcher dans ce tapis. C’est si bon, si beau.

La vie semble arrêtée, une tâche jaune esseulée nous propose l’espoir d’un renouveau bientôt. Ce cocon nous accompagne dans cette acceptation d’un temps de pause alors que nous n’avons plus le droit de ralentir, nous devons être actifs et consommateurs. Pour ma part, je consomme des mots, je consonne des voyelles afin de tricoter des syllabes pour vous écrire ces lignes.

Le rythme de la forêt nous ramène à la vie, la vraie, celle qui anime notre inconscient conscient. Nous marchons encore et encore, les glands roulent sous nos pieds, c’est instable c’est inconfortable. Nombreux sont tombés sur le chemin piétiné. Un téméraire tente sa chance malchance, il n’a aucune possibilité de survie. Sa terre d’adoption n’est pas un cadeau, il aura une courte vie celui-ci.

Nos mains commencent à brûler de froid, nous pleurons du bout du nez paralysé. Le froid nous envahit, nous endort et d’une effroyable blague, les arbres rient de feuilles qui nous bouchent l’horizon. Nous découvrons la peur … nous accélérons nos pas pour être enfin à découvert. C’est bruyant, la colère du temps nous souffle ses remords mais nous sommes sourds. Sourds quand on ne souhaite pas entendre ce que la nature nous susurre bruyamment … la vie.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *