Balade végétale
Le soleil n’avait pas souhaité

Le soleil n’avait pas souhaité

Le soleil n’avait pas souhaité ouvrir les rideaux. Le temps s’était fait gris, de limaces et de champignons. Les feuilles formaient une moquette de jaune, de rouge virant trop vite au marron. C’était une histoire de couple, un tanin fusionnel se liant à la protéine.

Nous partions en quête de trésors : graines, traces, ferraille et autres curiosités. Nous avons scruté les bords des chemins et rien. La prairie, à peine. La forêt, encore moins. Ce jour-là, nous étions pauvres de trouvailles. Dans l’inconfort d’une balade à contre-courant, nous avons pris d’assaut le vallon, repris pied sur son mont, et découvert un tsunami de gris. Une seconde a suffi pour dire : « On rentre. »

Sous une pluie drue, mouillés jusqu’au sang, nous avons pris le temps de rentrer. À quoi bon courir sous la pluie ? Le sol incertain, la glissade facile, la brume complice.

Nous avons écouté le chant des gouttes, senti le froid chaud se faufiler dans les mailles du pantalon, les chaussettes en jus, les mains lavées par le ciel.

Finalement à vouloir ouvrir les rideaux trop vite on a compris qu’il n’était pas bon de réveiller le soleil qui dort.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *