
Octobre est là
Octobre étend sa lumière grisonnante sur les prairies encore tièdes de la belle saison. Là où, il y a peu, régnaient knauties, scabieuses et linaires aux silhouettes modestes ou élancées, s’ouvrent désormais les picrides, ultimes gardiennes d’un été qui n’est plus que souvenirs. Elles éclaboussent l’espace de leurs taches dorées, semblables à des îlots de lumière, généreuses nourricières pour ceux qui persistent à vivre encore un peu dans cette saison qui flirte avec un entre-deux airs.
La fraîcheur s’installe, les températures effleurent les dix degrés, et le blouson devient une seconde peau. La vie, bien que moins foisonnante, demeure étonnamment nombreuse. Les insectes, engourdis par l’humidité, se montrent moins méfiants, presque confiants. Je m’approche lentement, quelques ailes frémissent encore. La lumière me manque, mais quelques poses arrachées au jour suffisent à faire naître un sourire.
Cette prairie a échappé à la fauche annuelle, elle porte l’automne avec douceur, comme une page restée ouverte sur une saison qui s’attarde. Les fleurs d’octobre sont rares. Les jardins de vivaces continuent d’offrir leurs bouquets apprivoisés, mais ici, sur les lisières forestières, la prairie verte retient encore un souffle sauvage. Là où bien souvent il manque une constellation d’étoiles florales, celle-ci brille avec obstination, modeste, lumineuse, infiniment précieuse.


























