
Ne fauchez pas tout !!!
Ne fauchez pas tout !!!
Les prairies d’automne retrouvent un léger manteau printanier. Il ne manque plus que le gazouillis des oiseaux. Le merle a repris quartier dans sa haute branche et chante pour annoncer la fin de journée.
Scabieuses, centaurées, carottes sauvages, érigerons annuels, picrides, trèfles et autres légumineuses animent les prairies fauchées de juillet. Cette année, l’été pluvieux a permis à cette prairie ce bel éclat automnal, une remontée de floraison qui assure le repas d’une entomofaune variée. Ce n’était pas le cas les autres années où l’ambroisie avait su recouvrir ce sol terreux d’une fauche laissant à découvert un sol brûlé par l’été.
Les jours gris de pluie et de vent ont précipité un au-revoir des papillons. Les mouches, abeilles, bourdons, punaises et coccinelles sont encore en activité. Ces dernières festoient sous le parasol de la centaurée car de fugitifs pucerons sont encore en nombre à ponctionner une sève azotée.
Les champignons en lisière devraient s’appeler des perce-terre à l’image des perce-neige. Comme elles, ils sont fait d’un bouton blanc puis d’une dentelle rapidement asymétrique car éprise de gourmands gastéropodes. Ces chapeaux élégants sont accompagnés de rosettes d’orchidées boucs. Les feuilles d’ophrys sont encore timides. De les voir, je sais qu’elles accompagneront mon impatience à retrouver le printemps.
Je regarde cette hirsute prairie de vie et j’espère que l’idée d’une fauche d’automne ne viendra pas animer le propriétaire car il y a un habitat que l’on sous-estime sur ces herbes hautes. On commence d’ailleurs à voir quelques cocons, quelques oothèques, quelques maisons secondaires d’hiver pour une faune qui patiemment attendra le printemps pour sortir discrètement.
Il sera le temps des jours courts et des nuits longues, il sera le temps où à tâtons j’irai à la quête des habitats suspendus. Ça sera pour moi un soupir de vie quand le silence est fait d’hiver.











